Le clair de lune progresse vers l’ouest, l’ombre des cerisiers en fleur chemine vers l’est

C’est le printemps. Comme chaque année, je regarde le déploiement de la nature, admire la force vitale qui émerge de la matière terrestre. Je ressens, je vis mon appartenance profonde au cycle de la vie. Autoritaire, ce souffle vital m’accompagne et m’impose son énigme.

Mais cette fois-ci, la magie n’opère pas comme d’habitude. Le jardin que j’observe m’échappe, refuse de se laisser définir, ses contours se dissolvent à mesure que j’essaye d’en comprendre le sens et l’ordonnancement. Je connais – je reconnais – pleinement les essences végétales, et pourtant je suis dans un ailleurs lointain, inhabituel. Je suis placée devant une autre manière de représenter l’espace naturel et je n’en saisis pas encore tout à fait la portée.
Je découvre que je vis un bonheur printanier d’un genre nouveau, riche d’une inspiration tentante. Je suis arrivée en Chine.

Pour exprimer cette vision, je suis allée puiser dans les formes organiques des pierres de Jade, dans celles des bijoux et des éventails qui appellent à mes yeux l’Asie. Elles consentent à la fois une rupture et une continuité entre ce qui m’est familier et ce qui m’est énigmatique, entre le défini et l’indéterminable. Par leur contour lumineux, elles m’autorisent à faire émerger la vie.

Ces photographies figurent ce mystère, cette oscillation et ce balancement entre 2 cultures.
Suspension des frontières pour un temps, va et vient entre l’ici et l’ailleurs, jonction avec le principe vital, elles vous racontent ce voyage.

Titre inspiré d’un poème de Yosa Buson :

月光西にわたれば花影東に歩むかな

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